La Tunisie deviendra-t-elle le hub technologique d’Afrique du Nord ?
La Tunisie se distingue de ses voisins immédiats en misant très fortement sur le secteur des technologies. Cela lui permettra-t-elle de se spécialiser ? On fait le point sur le sujet.
La Tunisie mise sur les technologies
Pour comprendre à quel point la Tunisie mise sur les nouvelles technologies, il faut se tourner vers les écoles. Ce sont 10 000 Tunisiens qui deviennent ingénieurs chaque année, soit autant de force de travail qui pourra être utilisée afin de promouvoir le secteur de la Tech dans le pays. Une impression confirmée récemment par Bloomberg, qui a reconnu la Tunisie comme le pays africain le plus innovant. Si elle n’est pour l’instant pas un hub technologique de poids, elle a donc l’ambition de le devenir dans les années à venir.
Elle s’appuie pour cela sur des atouts technologiques qui la démarquent de ses voisins. Les Tunisiens disposent du meilleur réseau mobile du continent africain : un atout crucial lorsqu’on sait que la 3G n’est pas encore la norme pour beaucoup d’autres pays.
Il en résulte que les startups tunisiennes ont poussé comme des champignons. Trois d’entre elles ont même intégré le top 100 des startups africaines au cours de l’année 2019. Il s’agit d’Evey, Expensya et Jwebi. Rien de bien surprenant à cela : les investissements étrangers dans les startups d’Afrique ont doublé entre 2018 et 2019. La Tunisie compte donc bien être le fer de lance de ce nouveau mouvement, qui pourrait aider l’économie locale à se consolider.
Accords de coopération et scène internationale
Et s’il fallait une preuve que cela s’accélère, il suffit de voir l’adhésion de la Turquie au COST, en février 2020. Le programme COST permet de favoriser la coopération européenne en science et technologie. Comme l’a expliqué le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de Tunisie, l’arrivée du pays dans le COST est significative. Ce dernier ne compte en effet que 38 membres, pour la plupart européens. La Tunisie prouve donc son statut d’acteur de poids en le rejoignant.
Cet accord de coopération est particulièrement ambitieux. Il permettra tout d’abord d’intégrer la recherche tunisienne au système européen. Cela passera par des financements plus conséquents pour les chercheurs, et des rencontres avec leurs homologues d’autres pays, afin d’accélérer certains processus. Plus de 400 représentants du secteur s’étaient par ailleurs réunis lors de l’annonce afin de montrer tout le dynamisme de cette nouvelle génération.
Des services internet qui se propagent largement
Car ce sont bien évidemment les usages qui ont précédé cette percée du monde de la Tech en Tunisie. Samsung Tunisie, qui est bien implanté, avait en juin 2020 lancé son service client directement sur WhatsApp, un service de messagerie qui est très utilisé au niveau local.
Les acteurs qui se lancent en Tunisie s’appuient en effet fortement sur le réseau mobile. On citera l’explosion des réseaux sociaux, avec 7 300 000 comptes Facebook en Tunisie en 2019. Toujours du côté des loisirs, les meilleurs casinos tunisiens en 2020, c’est-à-dire Betway, IO Bet ou encore 888 Casino, sont ainsi uniformément disponibles sur mobile. C’est également le cas des très nombreux services de paiement utilisés sur place, comme Paymee, ou encore l’e-dinar du gouvernement. Cette percée de l’industrie de la Tech vient donc bien de la population qui est particulièrement friande de nouvelles technologies.
Si la Tunisie continue à favoriser ce secteur dynamique, elle saura donc se démarquer des autres pays d’Afrique du Nord. En modernisant sa logistique et le secteur des paiements, elle pourra alors disposer d’un réel arsenal pour booster son économie, à condition qu’une volonté étatique existe.
